Collectif
Mosellan de lutte contre la misère
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Mosellan de lutte contre la misère
À Metz, la plupart des personnes à la rue sont soit des roms ou des demandeurs d’asile. Il est impensable pour les membres du Collectif "qu’en France des gens dorment dehors." Depuis le démantèlement du camp de réfugiés de Blida en novembre 2017, les demandeurs d’asile à la rue deviennent de moins en moins visibles. Pourtant, leur nombre ne diminue pas.
Le Collectif agit de différentes manières. Sa communication auprès des médias lui permet d’être visible et de faire pression. Ses actions comme les manifestations ou bien les interpellations directes des pouvoirs publics, permettent de médiatiser sa lutte. Les actions directes, comme les prises de gymnases permettent elles des réactions plus rapides de la ville de Metz.
“C’est une situation pire que Blida. Dès décembre 2017, on a trouvé énormément d’hommes, de femmes et d’enfants dormant dehors”
"la racine, c’est la politique, les décisions politiques”
“Émotionnellement parfois c'est un peu difficile”
Le Collectif Mosellan de Lutte Contre la Misère regroupe un ensemble de personnes ayant un objectif commun : lutter pour le droit au logement immédiat, continu et inconditionnel. C’est-à-dire que personne ne doit être à la rue et que les personnes soient relogées, peu importe qui, et, peu importe le délai. Ni association, ni syndicat, ni parti, les individus actifs au sein du Collectif varient en fonction des événements.
Eric Graff, ancien psychologue de l’Éducation Nationale, est un membre incontournable du Collectif. Il a une vision bien tranchée sur la situation messine des demandeurs d’asile. Pour lui, il est essentiel de prendre en compte les événements depuis ce démantèlement. “Ceux qui n’ont pas dormi dans le camp le soir de sa destruction, se sont retrouvés à la rue." Militant politique, il doit utiliser des actions "coup de poing" pour se faire entendre par les administrations de la ville.
Je trouve complètement pathologique cette orientation politique
J’aime bien ce cadre où on est à la fois dans l’action vraiment concrète et en même temps il y a beaucoup de réflexions assez politiques. Il y a une bataille aussi législative, pour faire respecter les lois
Un collectif ce n’est pas “un long fleuve tranquille,” confie-t-il. C’est souvent conflictuel, mais ça permet d’avancer. Les décisions sont prises à l'unanimité puisqu’il n’y a pas de règlement à suivre. Ce fonctionnement peut faire débat et certains citoyens engagés ne s’y reconnaissent pas.
Catherine Stotzky est présente dans le Collectif depuis trois ans. Au départ, engagée ponctuellement pour aider les roms à la rue, elle y est restée pour aider les demandeurs d’asile.
Réunion du Collectif Mosellan de Lutte Contre la Misère.
Ancienne syndiquée, Catherine défend cette vision politique depuis longtemps. Pour elle aussi, c’est le gouvernement qui est responsable de la situation migratoire à Metz.
Pour faire connaître les actions du Collectif, elle s’investit sur les réseaux sociaux. Un nouveau point de communication pour faire pression sur les médias. Selon elle, les actions directes permettent de communiquer et d’alarmer sur la situation.
Petite fille d’immigrés russes, son investissement personnel correspond "simplement à des valeurs universelles de justice" estime-t-elle. Elle apprend à chaque rencontre, à faire la part des choses entre son engagement et sa vie personnelle. Émue, elle se souvient de ses rencontres marquantes, avec des femmes, des mères de famille venues des pays d’Afrique, ou de l’Est de l’Europe. "C’est une vraie richesse ses rencontres" confirme-t-elle. En plus de s’investir dans le Collectif, elle loge des mineurs, le temps d’une nuit ou deux, en lien avec le dispositif "Urgence une nuit à l’abri." Enseignante au lycée, elle admet rieuse, leur faire des petits exercices de Français et de mathématiques. Faire partie du Collectif lui permet donc d’agir dans un autre domaine que son métier.
Le Collectif Mosellan de Lutte Contre la Misère est indissociable de la situation migratoire à Metz. Très actif et présent sur la sphère médiatique, il permet le relogement concret de nombreux migrants.