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maurice melchior,

militant cosmopolite

Le Collectif d’Accueil des Solliciteurs d’Asile en Moselle (CASAM) épaule les demandeurs d’asile lors de leur procédure. Des cours de français, des traductions et d’autres aides sont dispensés par les bénévoles de l’association, coordonnés par Maurice Melchior, au sein de leurs locaux situés dans le quartier messin de Borny.

Au numéro 21 de la rue du Languedoc à Metz, se dresse l’immeuble du CASAM. Trois étages sont investis par les bénévoles de l’association qui s’échinent chaque jour à aider les demandeurs d’asile dans leur démarche d’intégration. Maurice Melchior, son président, coordonne les différentes activités menées par les adhérents. “Après l’enregistrement préfectoral, on instruit les dossiers des solliciteurs d’asile”, explique-t-il.

À partir de ce moment, le compte à rebours est lancé. Les bénévoles entrent en action en établissant les dossiers de demande d’asile. Au total, 700 dossiers sont instruits chaque année par le CASAM, entre la permanence de Hayange et celle de Metz. En fonction des difficultés linguistiques de chacun, un traducteur bénévole ou professionnel est chargé du dossier. Ainsi, les expériences de vie de chaque réfugié sont traduites pour bâtir le dossier de demande d’asile.

On finance jusqu’à 80€ par dossier pour les traductions payantes

“75% du public qu’on accueille sont des individus provenant des Balkans et du Caucase”, révèle Maurice Melchior. Dans ces cas-là, les traductions sont plus aisées puisqu’une dizaine de bénévoles assidus ont les compétences linguistiques pour traduire l’albanais, le serbo-croate, l’anglais et l’arabe. Lorsque des documents officiels administratifs doivent être traités, la structure sollicite des plateformes de traductions payantes. Le président de l’association développe : “On fait appel à des auto-entrepreneurs qui sont traducteurs dans des langues qui peuvent parfois être rares comme le pachtou pour les Afghans. On finance jusqu’à 80€ par dossier pour les traductions payantes."

De plus, sur la totalité des individus aidés par le CASAM, près de 200 suivent des cours de français dispensés par des bénévoles pour la plupart retraités. En fonction du niveau de chacun, des groupes de niveau sont définis. “Cela va du grand débutant à quelqu’un qui prépare déjà le niveau B1 et parle la langue relativement couramment”, indique cet ancien professeur de mathématiques. Toute l’année, les volontaires suivent des cours d’une heure et demie. Les plus assidus ont ensuite la possibilité d’être évalués dans le cadre du diplôme DELF (Diplôme d’études en langue française).

Depuis plus de trente ans, la structure actuellement dirigée par le “militant cosmopolite” Maurice Melchior, permet à des réfugiés de s’intégrer dans la société française. Aujourd’hui, sur l’Hexagone le taux d’accès au statut de réfugié est équivalent à un tiers pour les demandeurs d’asile. À Metz, subsiste une particularité : les réfugiés qui arrivent sur le territoire proviennent majoritairement des pays d’origine “sûrs”, signifiant que le pays veille au respect des principes des droits de l’Homme et de démocratie. Par exemple, uniquement 10% des Albanais bénéficient du statut de réfugié.

Dans le Grand Est, la moitié des demandeurs d’asile ne sont pas hébergés dans des centres dédiés

En côtoyant les demandeurs d’asile quotidiennement, les bénévoles du CASAM sont les plus à même de constater leur situation délicate. Maurice Melchior s’insurge notamment sur leur prise en charge en matière d’hébergement. “L’État n’a pas prévu assez de place dans les CADA (NDLR : Centre d’Accueil des Demandeurs d’Asile) à Metz, alors que c’est un guichet unique dans la région”, lance-t-il. Le problème de capacité d’hébergement subsiste dans le Grand Est, condamnant la moitié des demandeurs d’asile à ne pas avoir accès à un logement dans une structure dédiée. De ce fait, ils sont redirigés vers des hébergements d’urgence, gérés par le SAMU social (115). “Ce n’est pas normal”, juge le président de l’association avant de s’inquiéter : “En 2018 nous n’avons pas eu de camp de Blida, mais on tend le dos puisque cette année ce n’est pas impossible que nous en ayons un.” Le décor est planté.

D’autre part, le délai entre le dispositif de premier accueil géré par l’AIEM et le premier rendez-vous à la préfecture s’est vu rallongé de plusieurs jours, passant de trois à quinze jours. Là encore, il manifeste son mécontentement. “Pendant ce laps de temps, la personne n’a le droit à aucune des aides tels que l’accès à la sécurité sociale, la prescription pour manger et surtout l’hébergement. C’est inadmissible !”

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